- Depuis mon enfance, je me rendais dans un champ désert, où je brandissais mes armes lorsque je souhaitais me changer les idées. Peu m'importait de tenir une épée ou un bâton. Lorsque je me concentrais sur le combat, j'arrivais facilement à chasser mes pensées négatives. C'était justement un de ces moments où je souhaitais libérer mon esprit. La simulation de bataille allait avoir lieu dans une semaine et je n'avais pas prévu d'y participer.
- Raven : (Le général va être très déçu. Mais, je ne veux pas former d'équipe avec des gens comme ça.)
- J'aurais menti en affirmant que la bataille était sans importance à mes yeux. Je ne souhaitais pas particulièrement rendre le nom de ma famille célèbre, mais je voulais à tout prix montrer au général ce dont j'étais capable. Je ramassai l'épée posée dans un coin de la chambre et me rendis à l'espace d'entraînement, comme j'en avais l'habitude. Les préparatifs de la simulation de bataille avaient débuté. Du coup, personne ne s'entraîner et la salle était calme. Ceux qui avaient déjà formé une équipe s'entraînaient en dehors des locaux. De temps en temps, on entendait des explosions plus ou moins fortes dans le lointain. J'essayais d'ignorer ces bruits, mais mes pensées revenaient toujours à eux. Je voulais oublier la bataille, mais dans un recoin de mon esprit, l'idée de former rapidement une équipe surgissait sans cesse.
- Raven : (Oublie ça.)
- Je saisis à nouveau mon épée et tentais de me concentrer. Ces pensées m'obsédaient. Il fallait que je brandisse mon épée et que je chasse ces idées de ma tête.
- Owen : Cela ne signifie pas que le nombre de personnes est négligeable. La simulation de bataille est soumise à une règle toute simple : l'équipe gagne en prenant en premier la base de l'adversaire, mais il sera impossible de gagner juste en réussissant une percée. Il faut d'abord répartir les rôles et...
- Johann : Pourtant, une percée rapide équivaut à une victoire, non ? Il vaut mieux que nous attaquions tous ensemble. Pourquoi n'irais-tu pas prendre des forces au lieu d'élaborer des stratégies qui n'ont ni queue ni tête ?
- L'espace d'entraînement était inhabituellement bruyant. Dans un coin, trois garçons se formaient en cercle. Deux d'entre eux riaient bruyamment et commencèrent à se moquer du troisième.
- Fred : Tu crois peut-être que tu as un don particulier... Toi, le rejeton de la famille Felford déchue, tu oses nous donner des ordres ? Comment ça ? Tu ne voudrais quand même pas prendre le commandement ?
- Johann : Nous ne t'avons pas pris dans notre équipe par amitié. Ne va pas nous comprendre de travers. Les autres étaient juste plus insignifiants que toi. Au moins, ta famille s'est quand même fait un nom. En tout cas, nous ne pouvions pas faire équipe avec une fille ou quelqu'un de bas étage.
- Raven : (Et c'est reparti pour un tour...)
- Je ne voulais rien avoir affaire avec eux. Je savais que, dès l'instant où je serais en contact avec ces gars, ma vie ici deviendrait assez pesante. Juste au moment où je me retournais pour sortir, le rejeton de la famille Felford se mit à parler. Malgré la colère qu'il couvait, il semblait calme et décontracté.
- Owen : Cet entraînement est organisé dans un très grand château où il est difficile de s'orienter. Vous avez certainement besoin de quelqu'un pour analyser la situation et donner des ordres. Vu votre degré d'intelligence, vous n'êtes pas en mesure de le fai...
- Fred : Tu... tu perds la tête.
- Avant même que le gars de la famille Felford ait terminé sa phrase, le gros garçon l'attrapa par le col.
- Fred : Tu ne sais pas tenir ta langue. Je n'ai qu'à prononcer un mot à ton sujet à mon père pour qu'il te supprime. Tu ferais mieux de te tenir à carreau et de nous obéir sans discuter.
- Johann : Arrête de chercher à gratter la première place. OK ?
- Raven : Tu n'as pas autre chose à faire que de glandouiller ici, hein ? Ferme ton clapet et dégage le plancher. Sinon, j'appelle quelqu'un pour te mettre dehors.
Je n'avais pas l'intention de plaindre le garçon de la famille Felford à cause de l'injustice subie, loin de là. Non, en fait, je n'avais aucune intention de m'en mêler. Mais si j'ignorais ces situations en les évitant, je ne vaudrais pas mieux que les autres aristocrates. Je voulais simplement me démarquer d'eux.
- Johann : Quoi ? Qui... Raven ?
- Fred : Pff, tu ne crois quand même pas que ton te permette un tel outrage. Tu n'es même pas issu de l'aristocratie...
- Raven : Comme c'est dommage ! Nous sommes de simples ici. Mais tu veux veux que ton rang soit défini par ton nom... Bon, comme tu veux. Examinons nos rangs, veux-tu ? Est-ce que vous dépassez la famille Cornwell ?
- Un long silence plana. Le gros garçon et son camarade se mirent à rougir en faisant la grimace.
- Johann : Pff, tu n'es rien qu'un simple...
- Raven : …
- L'espace d'entraînement était de nouveau silencieux. Le garçon de la famille Felford s'approcha lentement de moi et me parla après mûre réflexion.
- Owen : Merci de m'avoir aidé Raven Cornwell.
- Raven : De rien... C'est juste que ne pouvais pas sentir ces types.
- Je me rappelais soudain que je m'étais juré de ne pas me mêler aux aristocrates. Je lui répondis superficiellement et je repris mon épée. Le garçon ignora ma réserve et continua de me parler.
- Owen : Je m'appelle Owen Felford. J'ai entendu dire que tu n'as toujours pas formé d'équipe. Tu ne veux pas participer à la simulation de bataille ?
- Raven : Je ne m'engagerai pas dans la bataille...
- J'étais venu à l'espace d'entraînement pour ne plus penser à la bataille. Mais au lieu de cela, il était encore et toujours question de la bataille. Je continuais de m'exercer à l'épée pendant qu'Owen me suivait inlassablement et m'expliquait sa stratégie. Ses plans étaient si soignés et si précis dans leur élaboration que je n'avais d'autre choix que de les valider.
- Owen : Je t'observe déjà depuis le dernier entraînement. Ton style est complètement des autres. Ta technique de combat mortelle cible les points faibles par de très petits mouvements... Un Maître de l'épée ne peut pas enseigner une technique de combat dans ce genre. Très franchement, je ne suis pas particulièrement doué dans le maniement de l'épée. C'est pour ça que j'utilise ma tête. Si nous combinons nos forces, nous n'aurons aucun mal à remporter la bataille.
- Raven : Et où comptes-tu trouver le troisième membre de notre équipe ?
- Mon cœur battait à vive allure. Moi qui m'étais juré de ne pas participer à la bataille ! Ma promesse s'était envolée depuis qu'Owen m'avait exposé ses stratégies. Avec elles, nous avions de bonnes chances de triompher. Le seul problème persistait : il nous manquait le troisième membre de notre équipe.
- Owen : Il reste certainement des élèves qui n'ont pas trouvé d'équipe. On devrait vite...
- Clarisse : Hé, je passais par ici par hasard et j'ai... cru entendre ce dont vous parliez... Vous cherchez un coéquipier ?
- Au son de cette voix, Owen et moi nous retournions en même temps en direction de l'entrée. Une fille aux longs cheveux blonds qui portait une épée en bois sur les épaules et s'approcha de nous avec un air amical.
- Clarisse : En fait, je n'ai toujours pas d'équipe. J'ai déjà demandé à tout le monde, mais ils sont tous au complet.
- La fille s'était rapprochée l'air de rien et nous regardait tour à tour comme pour nous interroger. Finalement, Owen répondit en soupirant.
- Owen : Désolé, mais nous n'avons pas l'intention d'accueillir une fille dans notre équipe, Clarisse. D'après ma stratégie, nous avons besoin d'au moins deux agiles...
- Clarisse : Je suis assez rapide à la course, tu sais ?
- Owen : En plus, il nous faut quelqu'un de suffisamment talentueux pour qu'en quelques secondes, les ennemis cèd...
- Clarisse : Au dernier essai, j'étais dans le gros du peloton. Mais toi, tu faisais partie des derniers... Pas vrai, Owen ?
- Owen : En tout cas, ce n'est pas possible...
- Clarisse : Et pourquoi ça ? Tu m'ignores parce que je suis une fille ?
- Owen : Non... ce n'est pas ça. Hm, hm... C'est juste que c'est imposs...
- Raven : Bon d'accord. Je veux que tu fasses partie de l'équipe.
- Clarisse : Mon dieu... Vraiment ? Vraiment ?
- Owen n'était pas vraiment rassuré, mais je me suis persuadais qu'il était plus important de commencer les préparatifs de la bataille et de nous entraîner ensemble que de perdre du temps à chercher un nouveau coéquipier... Je hochai la tête.
- Clarisse : Merci mille fois ! Je ne vous laisserai pas tomber ! Je vais me donner du mal ! Et je ferais de mon mieux !
- Folle de joie, Clarisse prit la main d'Owen et la mienne en souriant de toutes ses dents. Elle fit abstraction du rejet d'Owen et bavarda un bon moment en s'accrochant à nos mains.
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